Transitions, soutien aux transitions et apprentissage des jeunes adultes non diplômés en situation de précarité (ELJASP)
Date du début de la recherche : 2006
Chercheur principal : Sylvain Bourdon
Cochercheuse ou cochercheur : Rachel Bélisle, Suzanne Garon, Manon Gosselin, Guylaine Michaud, Benoît van Caloen, Éric Yergeau
Personnel de recherche : Julie Raymond, Eddy Supeno et Hélène Turmel
Partenaires impliqués : Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec (RCJEQ), CJE du Haut-Saint-François, CJE Sherbrooke, Virage CJE Iberville Saint-Jean
La situation des jeunes adultes non diplômés suscite de nombreuses inquiétudes, particulièrement en ce qui concerne leur aptitude à mener avec succès les diverses transitions qui composent le passage vers une vie d’adulte productif et autonome. Comme les autres acteurs d’une société qui articule son développement sur la globalisation des échanges dans une économie de l’information en continuelle mutation, les non diplômés sont confrontés à une multiplication des transitions qui viennent bouleverser leurs vies. Celles-ci touchent plusieurs dimensions comme la vie familiale (par exemple, la recomposition des familles, la maladie, la naissance d’un premier enfant), la vie étudiante (par exemple, les changements de programmes, les retours aux études), la vie professionnelle (par exemple, les nombreux changements d’emplois ou de fonctions), la vie sociale (par exemple, la mobilité géographique, la marginalisation, l’incarcération).
Ces transitions, anticipées ou non, ne se limitent plus à certains moments précis dans la vie et elles ne reposent pas sur des bifurcations, des changements aussi nets qu’auparavant. En raison de leur vulnérabilité particulière, les jeunes adultes non diplômés sont l’objet de nombreuses interventions de la part des services publics qui, dans certains cas, répondent à une demande de soutien, mais dans d’autres, initient ou tentent d’initier chez eux des transitions en les engageant dans un « parcours vers l’emploi » ou une modification de comportement (violence, toxicomanie, …). Leur environnement immédiat, leur plus forte propension à subir les aléas de la précarité et, à certains égards, certaines logiques d’intervention socio-sanitaire, les rendent aussi plus susceptibles d’être engagés dans des processus de marginalisation. Dans ce contexte, notre objectif général est de mieux comprendre le rôle joué par les réseaux sociaux et l’apprentissage dans le cadre des transitions auxquelles sont confrontés les jeunes adultes non diplômés. L’approche biographique, qui a été à l’origine de nombreux travaux dans le domaine des transitions, laisse penser que les réseaux et l’apprentissage peuvent avoir un effet déterminant dans certaines situations, mais celui-ci est encore mal connu. Pour améliorer nos connaissances en ce domaine, nous allons amorcer un suivi longitudinal de quarante jeunes adultes non diplômés ayant connu un passage à l’aide sociale. Ce suivi permettra de décrire les diverses transitions – recomposition familiale, entrée et sortie d’emploi, de formation, d’itinérance, parentalité, épisode de toxicomanie, de maladie ou autre – auxquelles ils seront confrontés, les apprentissages mobilisés et effectués et le rôle joué par les réseaux sociaux et le soutien professionnel au cours de ces transitions. Au plan théorique, cette recherche débouchera sur une meilleure connaissance de l’articulation réseaux – apprentissage dans les théories biographiques en permettant de comprendre comment les relations sociales contribuent à structurer l’expérience des individus et leur apprentissage. Au plan pratique, une meilleure compréhension des transitions des jeunes adultes non diplômés en situation de précarité est susceptible de déboucher sur des connaissances permettant de mieux soutenir, d’une part, l’action de professionnelles et professionnels intervenant auprès d’eux et, à un niveau plus global, la programmation sociale qui leur est destinée.
Publications liées au projet
Bourdon, S. (2006). Orientation, individualisation et société du risque. En pratique, 5, 6-8.